Le guide des aménagements cyclables est un ouvrage associatif, rédigé à deux mains par Rivo Vasta et Simon Labouret, entre fin 2018 et mi-2019, et sorti officiellement en septembre 2019. Il a été rédigé pour le compte de Paris en Selle, association dont les deux auteurs font partie.

Il est né de la pratique de plusieurs années de participation aux comités vélos de la Ville de Paris et de quelques autres collectivités de l’agglomération parisienne, pour répondre à plusieurs objectifs.

D’une part, il est apparu que les comités vélos n’étaient pas un format qui nous permettait d’expliquer notre vision de la mobilité à vélo et des aménagements de laquelle découlent nos approbations ou rejets de telle ou telle proposition : se dire défavorables à un aménagement séparé dans un contexte où nous pensons qu’il s’agit d’une mauvaise décision était difficilement compris par nos interlocuteurs faute d’une explication trop longue pour un comité vélo.

D’autre part, ce guide était devenu nécessaire pour partager une vision commune interne à l’association, en particulier pour tous ses groupes locaux, chargés de défendre une même ligne face à leurs propres interlocuteurs. Le sujet étant trop gros, une simple transmission orale ou des courts messages écrits ne suffisaient plus : il fallait s’attaquer à la rédaction d’un document complet.

Au fur et à mesure, il nous a semblé pertinent d’en faire un ouvrage un peu soigné et diffusé au-delà du seul cercle des adhérents. Certaines prises de position de Paris en Selle allaient parfois à l’encontre de l’intuition commune (comme lorsqu’elle juge peu utile la bataille pour les sas), et avoir un document où nous pouvions en décliner les raisons nous permettait de mieux nous faire comprendre. Le besoin s’est fait ressentir d’un support plus large que les supports habituels pour transmettre, aux adhérents de l’association en tout premier lieu, la vision de Paris en Selle sur ce qui constituait de bonnes et de moins bonnes infrastructures, pour le public que l’association se donne pour but de mettre à vélo. Les différents ouvrages existants sur les infrastructures ne nous donnaient pas exactement satisfaction : ceux-ci font essentiellement une liste des possibilités législatives et règlementaires, souvent sans les placer dans une perspective plus large qui aurait permis d’en faire une analyse critique. En effet : tous les aménagements se valent-ils ? Chaque aménagement a-t-il sa place particulière dans son contexte particulier ? Le champ des intersections, en particulier, est particulièrement en friche dans la littérature francophone : comment rend-on un carrefour cyclable ? Faut-il faire au cas par cas, ou cela revient-il à réinventer la roue ?


Ce guide part des bases pour décliner la logique qui sous-tend le choix des aménagements. Il commence par faire le portrait-robot du destinataire des politiques cyclables : tant que, en effet, on réfléchit en fonction des besoins de celles et ceux qui sont déjà un selle au lieu de celles et ceux qu’on veut voir monter dessus, on se coupe de la grande majorité du public cible.

À partir de là, il pose la question de la cyclabilité, d’abord d’une rue en particulier, puis d’une agglomération (ou d’un morceau) en général. Il insiste notamment lourdement sur ce qui nous a semblé être un grand angle mort des réflexions sur le sujet des aménagements : le volume de trafic, et les outils qui permettent de contrôler ce volume, et qui définissent un plan de circulation. Avant de se précipiter sur des aménagements séparés qu’on n’arrive pas à correctement intégrer dans le profil de voirie, il convient en effet d’abord de se poser la question du statut actuel et désirable de la rue en question, comme tuyau à voitures ou comme lieu de desserte locale. Nombre de rues où la place manque pour des aménagements séparés sont en fait d’abord des rues où passe un trafic incompatible avec le statut désirable de la rue.

Il s’attaque ensuite aux aménagements ségrégatifs proprement dit, et, toujours en se référant au public cible, pose les grands principes qui écartent ou favorisent ceux qui répondent à leurs besoins. Nous en profitons pour proposer de revoir les paradigmes qui sous-tendent aujourd’hui les aménagements, notamment la classique séparation des pistes en « pistes sur chaussée » et « pistes sur trottoir », qui sont une grille de lecture qui nous mènent dans l’impasse en nous conduisant dans les deux cas presque toujours à un aménagement sous-optimal.

Enfin, un dernier chapitre explore assez profondément, bien que pas exhaustivement vu son ampleur, le sujet des intersections. Force est de constater que c’est, le plus souvent en France, le trou noir des projets de pistes cyclables, et que l’aménageur, dans le meilleur des cas, applique de mauvaises solutions au problème, ou, dans le pire des cas, démissionne complètement en interrompant tout bonnement l’aménagement quelques mètres avant le carrefour. La documentation du Cerema lui-même est particulièrement lacunaire sur le sujet : les solutions particulièrement développées aux Pays-Bas sont absentes des rares fiches et brochures du domaine des infrastructures cyclables. Ce manque de savoir-faire en matière d’intersections a notamment conduit, chez une certaine frange du militantisme, à accuser les aménagements séparés de transférer le danger aux intersections.

Le guide est disponible gratuitement sous format PDF, ou en version payante au format brochure A5 de 144 pages (il y avait matière !), pour 20 €. Vous pouvez vous le procurer en suivant ce lien.